La plupart des technologies à portée de tous aujourd’hui semblait impossible il y a de nombreuses années. Le métavers est une autre technologie qui ne semble pas encore réaliste, du moins d’un point de vue des experts. Qu’en attendent les utilisateurs finaux ? McKinsey a publié en juin une étude complète à ce sujet. Les médias sociaux, le divertissement, les voyages, le shopping et le gaming constituaient le top 5 des consommateurs. Près de 60 % des consommateurs utilisant la version actuelle du métavers sont impatients d’y transférer leurs activités quotidiennes. La connectivité entre les gens est le moteur principal, suivie par la capacité à explorer des mondes numériques. Environ 95 % des dirigeants interrogés par McKinsey pensent que le métavers aura un impact positif sur leur secteur d’activité dans les cinq à dix prochaines années, et 61 % pensent qu’il va légèrement modifier le mode opératoire de leur secteur. Les secteurs qui devraient être les plus touchés par le métavers incluent les produits de consommation et la distribution, les médias et les télécommunications, et la santé, or ces secteurs font partie de ceux qui mettent déjà en place des initiatives de métavers.
Le métavers est déjà une réalité, en particulier parmi les éditeurs de jeux et les environnements qu’ils créent. Pourtant, on ignore encore ce que sera exactement le métavers et comment il se développera. Le définir aujourd’hui pourrait nuire à l’imagination des visionnaires.
Qui seront les gagnants du nouvel Internet ?
Le sujet fait grand bruit, l’expérience d’utilisation devrait à coup sûr s’améliorer. Après tout, la réalité augmentée et la réalité virtuelle sont des éléments importants de l’idée du métavers. Et les choses semblent actuellement évoluer dans ce sens. Le PDG de Nokia a récemment déclaré que les smartphones, tels que nous les connaissons aujourd’hui, n’existeront plus en 2030. Ce qu’il a voulu dire, c’est que nous aurons alors d’autres appareils qui seront connectés à notre corps et qui communiqueront directement avec d’autres personnes. La communication humaine est au cœur du métavers, tandis que la communication en temps réel, la facilité d’utilisation et le sentiment de fusion avec Internet constituent ses caractéristiques intrinsèques. Au final, il s’agit bien de fusionner la réalité avec le monde virtuel.
Le métavers jouera également un rôle important pour les sociétés. Par exemple, les réunions virtuelles sembleront réelles dans le futur. Dans le secteur industriel, des gens du monde entier pourront se rencontrer lors de réunions virtuelles et auront la sensation d’être présents grâce à la technologie avancée. De nombreuses opportunités se présentent également pour le secteur de la distribution. Les marques de luxe, comme Balenciaga et Ralph Lauren, et le géant suédois H&M, par exemple, ont déjà pris conscience de la possibilité que leur offre le métavers de proposer à leurs clients une expérience d’achat numérique inédite. D’autres sociétés ont déjà pris les devants. C’est le cas de Nike, qui a racheté fin 2021 RTFKT Studios, une société spécialisée dans les biens numériques. Peu de temps après, des baskets « numériques » ont pour la première fois été commercialisées et sont rapidement devenues des pièces de collection. Aujourd’hui, elles sont exclusivement portées par des avatars.
Le secteur immobilier bénéficiera également de nouvelles approches, par exemple pour l’achat d’une maison. Les clients qui voudront voir à quoi ressemblera un projet de maison pourront facilement se faire une idée avec le métavers. Plusieurs magasins de mobilier utilisent déjà la réalité augmentée pour montrer à leurs clients comment un meuble peut s’intégrer dans leur intérieur.
Stratégie d’investissement avec les acteurs du métavers
Cependant, pour que le métavers devienne réalité, il faudra que la puissance informatique et les puces ou l’infrastructure qui le sous-tendent soient fournies par des sociétés comme Nokia ou Nvidia. La stratégie d’investissement pourrait donc être la même que la stratégie actuelle des voitures électriques : Une solution est d’investir dans Tesla. L’autre est d’investir dans la chaîne de valeur d’une voiture électrique. Les sociétés y sont souvent beaucoup moins chères que les acteurs les plus évidents. Cependant, les sociétés actives sur le marché du métavers sont encore peu nombreuses, mais les chiffres augmentent.
Plus de 120 millions de dollars ont déjà été investis dans le métavers via le capital-risque et le capital-investissement sur les cinq premiers mois de 2022, soit plus du double des 57 milliards de dollars investis en 2021. Les grandes sociétés technologiques sont celles qui investissent le plus, et dans des proportions beaucoup plus grandes qu’elles ne l’ont fait, par exemple, pour l’intelligence artificielle (IA) dans une phase de développement similaire.
De nombreuses sociétés de jeux sont déjà assez actives dans le domaine du métavers, et la correction du marché pourrait justifier certaines entrées. De plus, leurs bénéfices sont relativement satisfaisants par rapport à de nombreux autres secteurs. En dehors du secteur des jeux, nombre de sociétés n’en sont qu’à la phase du business plan pour leurs activités de métavers. Certaines risquent de payer le prix fort pour des business plans qui restent trop vagues. Des secteurs tels que la logistique ou les télécommunications pourraient notamment se faire distancer lors de leur passage au métavers. Bref, le métavers et ses opportunités d’investissement vont nécessiter beaucoup d’observation en raison de l’incertitude qui les entoure.
Enfin, en ce qui concerne Meta, anciennement Facebook, il reste à voir si sa stratégie sera payante, car Meta met tous ses œufs dans le même panier. L’année dernière, la société a investi plus de 10 milliards de dollars dans l’écosystème Métavers. Elle prend un gros risque, mais en même temps, elle essaie juste de tirer son épingle du jeu. Actuellement, Meta se négocie à une valorisation assez intéressante. Seule la visibilité des bénéfices reste difficile à évaluer.
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