L'année 2024 s’avère être une nouvelle année exceptionnelle pour le marché boursier mondial, avec une hausse d’environ 20% de l’indice MSCI World (MXWO). En effet, depuis octobre 2022, l’indice a enregistré une progression impressionnante de 60%. La question qui se pose maintenant est de savoir si cette tendance haussière continuera.
Prédire l’avenir du marché boursier n’est pas aisé, comme l’ont démontré les cinq dernières années. Cette période a été marquée par des événements imprévisibles, de la pandémie mondiale à une guerre d’envergure sur le continent européen. Malgré ces circonstances, le marché boursier mondial a fait preuve de résilience, récompensant les investisseurs patients par des rendements exceptionnels.
Le marché boursier américain a toutefois été le principal moteur de la performance des actions mondiales. La part des États-Unis dans le MSCI World est passée de 54% à 73% au cours des dix dernières années. Parmi les 15 plus grandes entreprises du MSCI World, seule Novo Nordisk (15e position) n’est pas américaine. Pour comparaison, il y a vingt ans, cinq entreprises non américaines figuraient parmi les 15 plus grandes. On parle souvent de l’« exceptionnalisme américain », qui dans le domaine boursier s’avère être une réalité.
Depuis début 2020, le S&P 500 et le Nasdaq 100 ont respectivement progressé de 100% et 146%, contre seulement 41% pour l’Eurostoxx 600, 76% pour le Nikkei 225 et 11% pour le MSCI Marchés Émergents. Cette surperformance des États-Unis est largement due aux grandes entreprises technologiques américaines, en particulier les « Magnificent 7 » (Amazon, Apple, Alphabet, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla). Avec l’émergence de l’intelligence artificielle générative, la capitalisation de ces entreprises a augmenté de 200% au cours des deux dernières années. Ces sept entreprises représentent aujourd’hui plus de 30% de l’indice S&P 500 et 25% du MSCI World, marquant la plus forte concentration jamais observée dans l’histoire de cet indice.
Tous les principaux marchés régionaux ont enregistré une hausse des valorisations en 2024. Les États-Unis continuent de se distinguer par des multiples de valorisation (ratio cours/bénéfices à 12 mois) bien au-dessus de leur médiane sur 20 ans, même en excluant les grandes valeurs technologiques. En comparaison, le Japon et l'Europe se situent au même niveau que leur moyenne sur 20 ans, tandis que la Chine se situe en dessous de ce niveau.
Impact positif à court terme de la présidence Trump
Le tableau d’ensemble pour les actions reste favorable. Nous prévoyons de nouvelles baisses de taux d’intérêt des banques centrales, des taux de chômage relativement bas et une économie mondiale résiliente. La présidence de Donald Trump, associée à une majorité républicaine au Congrès, devrait engendrer un changement de régime économique.
Les "Trumponomics" devraient stimuler à court terme le marché américain, grâce à des baisses d’impôts et à une réduction de la réglementation. Ce contexte pourrait favoriser la reprise des petites et moyennes entreprises, ainsi que les valeurs de type « value » et les valeurs cycliques. Le Russell 2000, qui a sous-performé pendant deux ans consécutifs, pourrait connaître une forte reprise. Les investisseurs devraient également se pencher sur les valeurs financières américaines, qui pourraient profiter de la baisse de la réglementation ainsi que de l'intensification des fusions et acquisitions et de l'activité sur les marchés des capitaux après quelques années de sous-activité. Les incitations proviennent selon nous d'un certain nombre de facteurs : des portefeuilles de Private Equity arrivant à échéance, des pipelines de capital-risque parvenus à maturité et des valorisations plus élevées. On estime que le Private Equity dispose de 4 milliards de dollars de fonds disponibles et que les entreprises américaines affichent 7,5 milliards de dollars de liquidités dans leurs bilans. Il reste néanmoins à savoir quel sera l'impact de l'augmentation des droits de douane et de la réduction de l'immigration de Trump sur l'économie. On craint que ces initiatives politiques n'entraînent une hausse de l'inflation et donc des taux d'intérêt, ce qui pourrait freiner l'économie.
Une hausse de 5 à 10% pour le marché mondial en 2025
Qu'en est-il de l'Europe ? La région se négocie avec une décote record par rapport aux États-Unis - même si l'on tient compte de la composition sectorielle. En effet, l'Europe a fait moins bien que les États-Unis au cours de huit des dix dernières années, et cette année, la sous-performance en dollars sera probablement la pire de tous les temps. Il n'est donc pas étonnant que le sentiment des investisseurs mondiaux à l'égard de la région soit morose et que la plupart d'entre eux soient sous-pondérés. Même à l'heure actuelle, les investisseurs ont du mal à percevoir un grand potentiel compte tenu de la faiblesse de la croissance économique, de la faible demande chinoise, de l'instabilité politique et du risque d'augmentation des droits de douane américains. De nouvelles baisses des taux d'intérêt de la BCE, un euro plus faible et une politique plus favorable au marché pourraient être des déclencheurs positifs pour une meilleure performance des actions. Parmi les sociétés mondiales cotées en Europe, nous voyons de bonnes opportunités pour certaines qui se négocient avec une nette décote par rapport à leurs homologues américaines.
En ce qui concerne les secteurs, les actions de luxe ont récemment enregistré de mauvais résultats face à la faiblesse de la demande chinoise et à un ralentissement général de la croissance après le boom de Covid. Toutefois, compte tenu de la forte demande au Moyen-Orient et aux États-Unis, nous pensons qu'il y a encore de la marge pour les objectifs de cours. Il est intéressant de noter que, compte tenu de la vigueur des marchés boursiers et immobiliers, la fortune nette des ménages américains a augmenté de 10 000 milliards de dollars rien que l'année dernière. En outre, certaines des principales valeurs technologiques et de santé européennes nous semblent peu risquées.
Nous continuons également à surveiller le marché des actions japonais qui, après un début d'année vigoureux, a souffert de la liquidation des carry trades début août et des troubles politiques de l'automne. L'histoire de croissance sous-jacente reste intacte, alimentée par la reflation domestique, la croissance des salaires réels, la faiblesse du yen, l'accélération des rachats d'actions et les réformes d'entreprises en cours. De notre point de vue, le secteur industriel et les entreprises axées sur le consommateur national sont positifs.
L'année pourrait être encore difficile pour les marchés émergents, car la perspective d'un dollar toujours fort reste notre scénario de base. Nous recommandons donc aux investisseurs d'être sélectifs. La Chine reste confrontée à un défi, car la demande intérieure reste faible après l'éclatement de la bulle immobilière. Les plans de relance gouvernementaux ne se sont pas encore révélés suffisamment efficaces pour stimuler la consommation intérieure. De plus, une guerre commerciale accrue avec les États-Unis n'améliorerait pas les perspectives. Nous continuons de voir l'Inde comme un bénéficiaire net, car les entreprises mondiales réduisent leur exposition à la Chine. Nous pensons que le marché des actions indien sera soutenu par la poursuite d'une forte croissance économique, portée par une classe moyenne en expansion, l'urbanisation, un gouvernement favorable aux entreprises et une population active jeune et bien formée.
En résumé, nous ne prévoyons pas une troisième année consécutive de rendement de 20% pour les actions mondiales, mais une hausse plus modérée de 5 à 10%, tirée principalement par la croissance des bénéfices. Nous pensons que la diversification sera payante, car nous voyons une situation de rendement plus diversifiée : les petites entreprises, les titres « value » et les valeurs cycliques devraient avoir le potentiel de bien se comporter. Enfin, nous nous attendons à un marché volatil, compte tenu d'un contexte géopolitique très incertain et d'une Maison Blanche imprévisible.
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